vendredi 29 juillet 2016

Humour noir pour rire jaune

DE L'ART DE PRESENTER SES CONDOLEANCES


1 – « Ravi prématurément »


Quand j’avais 11 ans, je possédais un livre d’Histoire de la Musique à couverture bleue ciel de Van de Velde. J’aimais ce livre, le lisais et relisais souvent. Qui n’a pas eu à cette époque son petit livre de solfège ou sa « Méthode rose » de piano par l’incontournable Ernest Van de Velde ?

(Première année de piano)

J’étais tombé en arrêt sur ce qu’on disait de Georges Bizet : «Ce compositeur eût produit d’autres chefs-d’œuvre s’il n’eût été ravi prématurément à l’admiration des connaisseurs ».  Ravi prématurément ? Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Dictionnaire, vite ! Prématurément, c’est avant l’heure, d’accord. Mais ravi ? Certes, je connaissais l’expression « ravi de faire votre connaissance » mais pourquoi donc Bizet aurait-il été ravi de faire avant l’heure connaissance de ses admirateurs ? Et pourquoi connaissance des connaisseurs ? Du galimatias, tout ça, pensait le jeune Daniel !

Il m’a fallu un certain temps pour assimiler ces bizarreries de la langue française et comprendre que ravi prématurément signifiait simplement : mort trop jeune.


La Grande Faucheuse : « Ravie de faire votre connaissance »
Le patient : « Désolé, mais c’est prématuré ».

Je n’aimais pas parler de la mort. J’avais l’impression que ça pouvait attirer son attention et aussi que ça pouvait s’attraper. Ma mère me disait souvent : « Prends ton écharpe, il fait très froid, tu risques d’attraper la mort ! ». Alors, mieux valait éviter cette mauvaise fréquentation et n’en point parler, la laisser dans son coin.

J’ai donc vite compris tout le parti qu’on pouvait tirer de l’expression « ravi prématurément » qui remplacerait avantageusement le mot « mort » dans toutes mes conversations. On évitait ainsi d’attirer l’attention du sinistre squelette à la faux qui pouvait toujours se dire : « Tiens, tiens ! J’entends qu’on parle de moi… Allons voir qui c’est, il me démange d’utiliser mon outil… ».

En ce temps-là (nous étions entre 1942 et 1945), les ravis prématurément étaient légion. Bombardements de Rouen : mille ravis prématurément. Stalingrad : 500 000 ravis prématurément. Omaha Beach, etc. etc. Cet euphémisme enjolivait agréablement des réalités tragiques. Il s’installa durablement dans mon vocabulaire courant.



De l’art de présenter ses condoléances (suite)

2 – Le drame se trame et frappe à la trappe

Quelques années plus tard, exactement en septembre 1947, j’avais 14 ans, un événement n’ayant apparemment aucun rapport avec l’Histoire de la Musique de Van de Velde et la vie brève de Georges Bizet m’introduisit à l’art de présenter des condoléances.



(Georges Bizet 1838-1875 : Carmen, Les pêcheurs de perles, L’Arlésienne)

Le malheureux père Dussoulier, notre cordonnier, fut à l’origine de cette initiation. Il avait perdu sa jambe à la Grande Guerre et déplaçait son pilon à grand’peine et à grand bruit en grimaçant de souffrance. Une loi avait réservé aux mutilés de guerre certains emplois qui permettaient de travailler assis : c’était le cas pour les cordonniers, savetiers et buralistes. Monsieur Dussoulier et son apprenti végétaient dans une petite échoppe triste et sombre, à la vitrine sale qui cachait plus qu’elle ne montrait, aux murs de couleur indéfinissable, à l’odeur de vache. Il m’appartenait d’y porter nos chaussures fatiguées et de les reprendre retapées et car je passais devant sur le chemin du collège.



(Echoppe de savetier, XIXème siècle)

Quant à la dame Dussoulier, je me rappelle surtout l’excroissance de chair plantée de trois poils drus et la lèvre pendante qui ornaient son visage. Elle m’aimait beaucoup, hélas, et ne manquait pas, à ma grande confusion, de m’embrasser dès qu’elle me voyait, m’infligeant le grattement des trois poils rêches et un peu de bave en prime.

Las de souffrir dans sa chair meurtrie et probablement aussi dans son âme ébranlée par les méchants souvenirs de la vie des tranchées, Monsieur Dussoulier mit fin à ses jours. Au petit matin, il se rendit dans sa boutique, y ouvrit la trappe qui donnait sur la cave, descendit péniblement l’échelle et mit à exécution sa décision de se pendre (on dit, dans le pays de Caux, de se crocher).

Nous avions des chaussures réparées à retirer mais je me refusai à reprendre mon service. L’idée d’entrer dans la maison du pendu et peut-être d’y attraper la mort me faisait trop peur. Ma mère m’expliqua doucement :

« Tu ne vas pas passer ta vie à changer de trottoir quand tu passes devant la cordonnerie. Tu sais que Madame Dussoulier t’aime beaucoup. Tu dois faire un effort, ta visite lui fera du bien ».

Je fis plusieurs essais. En vain. Je ne me décidais guère à franchir le pas de la porte.

Ma mère fit monter la pression : « Tu es grand, maintenant, il faut que tu apprennes à présenter tes condoléances. C’est très simple. Voilà ce que tu vas dire : Madame, j’ai appris avec peine le deuil qui vous frappe. Je partage votre affliction et vous présente mes sincères condoléances. Tu verras, ça ira tout seul ».

Bon élève, j’appris par cœur ma récitation. Affliction était particulièrement dur à retenir. Ma mère suggéra chagrin. Va pour chagrin. « Le deuil qui vous frappe » était une incitation au lapsus car j’étais si obsédé par la trappe d’accès à la cave fatale que je risquais fort de dire : « Le deuil qui vous trappe »…Ma mère me fit faire plusieurs exercices de diction pour bien distinguer le F du T. Plusieurs jours se passèrent encore avec de nombreuses répétitions. Enfin, voilà que je franchis le pas, les événements se précipitent…

Je pousse la porte de la boutique, les clochettes tintent, Madame Dussoulier, toute de noir vêtue, ses trois poils dressés comme des antennes de guêpe, surgit au fond de la pénombre de l’échoppe… Silence de mort… Que dire, que faire ? Qui va parler le premier ?

On entendrait une mouche voler…La boutique est plus sombre que jamais. L’odeur de vache est plus forte que jamais. Par terre, à droite, j’aperçois la trappe de la cave par où le cordonnier est passé pour s’aller crocher. Je ne peux en détacher mon regard. Raide comme la justice, la veuve Dussoulier attend une initiative de ma part.

« Euh…Bonjour, Madame, euh…alors voilà, euh…J’ai appris, euh… Oui, j’ai appris que votre mari, euh… ». Les mots ne viennent pas. La veuve attend, elle n’est d’aucun secours, ne fait rien pour m’encourager. Je suis pris de panique : je n’y arriverai pas…


Alors, réunissant toutes mes forces de gamin, m’arrachant à la paralysie, mobilisant la hardiesse des timides, je me jette à l’eau avec mes propres armes et dans mes propres termes. D’une seule traite, je proclame bien haut :

« Madame, j’ai appris que votre mari avait été ravi prématurément à l’affection des siens ! 

- Ah ! Ben oui, alors, ça c’est ben vrai ! Mais où c’est i donc que t’as appris à causer comme ça, c’est i aux écoles ? Alors, ça, je n’en reviens pas ! Tiens, viens, i faut que je t’embrasse ! »

Je me suis prêté sans excessive complaisance à cet exercice douloureux.

Ma réputation était faite : je savais parler aux veuves !




mercredi 27 juillet 2016

NEGRITUDES


RIRE JAUNE et HUMOUR NOIR


Négritudes



J’aime les contes et nouvelles de Maupassant bien qu’ils se terminent presque toujours mal. Celui qui m’attriste le plus est «Boitelle»: le jeune Boitelle Antoine fait son service militaire au Havre et tombe profondément amoureux d’une gentille petite bonne sénégalaise. Elle a toutes les qualités, économe, travailleuse, propre, attentionnée, gaie, jolie. Elle respecte la religion et la bonne conduite. Tout pour plaire. Néanmoins, elle ne passera pas l’épreuve de la présentation en famille, à la ferme, à Tourteville, sur le plateau de Caux.


Après deux jours d’examen, la sentence de la mère abusive tombe: «Non, j’ai essayé, mais décidément, alle est trop nouère. Si seulement elle l’était un p’tieu, je m’opposerais pas…Mais là, vraiment, je pourrai pas m’y faire, alle est trop nouère». Débat cornélien chez le jeune Boitelle qui tranche finalement en faveur des parents: «J’irai jamais contre eux!». Et voilà deux vies ratées! C’est trop bête!


Si mes fils me ramènent une belle-fille africaine, je serai ravi: les femmes africaines sont merveilleuses, courageuses, généreuses, rieuses. Non, Antoine, il ne fallait pas laisser passer ta Sénégalaise! Cette histoire me navre.


Pour me consoler, je vais vous raconter deux histoires vraies où la peau noire a brillé «comme des chaussures bien cirées» (écrit Maupassant) et où le verbe noir a eu le dernier mot…


1 – Y’a bon!


C’était au début des années 50, à la Préfecture de Rouen. On y recevait Léopold Senghor qui n’était pas encore Président de la République du Sénégal mais était déjà député représentant son pays au Parlement français. On avait organisé pour sa venue un grand dîner à la Préfecture et on lui avait affecté un jeune stagiaire de l’ENA pour le suivre pas à pas, devancer ses désirs et satisfaire ses besoins.




(Léopold Sédar Senghor, le chantre de la «négritude»)


Le jeune Énarque s’acquittait de sa tâche avec beaucoup de sollicitude, de gentillesse et d’application mais son éducation avait quelques lacunes et préjugés en ce qui concerne l’Afrique. Rien de méchant, juste de l’ignorance et un peu de bêtise… Donc, il s’empressait auprès de son protégé mais croyait utile, pour se faire bien comprendre, de lui parler «petit nègre». Cela donnait à peu près ceci:

«Vous, content? Vous, pas soif? Vous, vouloir reprendre potage?»

Le grand homme avait trop de classe pour s’en formaliser. Il regardait même avec bienveillance ce débutant besogneux qui multipliait les efforts pour le mieux servir. Il se promettait toutefois de lui administrer pour son bien une petite leçon le moment venu…

Avec le café, vint l’heure des discours. On pria Léopold Senghor de prendre la parole. Il le fit avec un brio de Normalien et d’Agrégé de Grammaire. Il obtint beaucoup de succès. En se rasseyant, il se tourna vers son jeune amphitryon et lui dit, d’un air mi-figue, mi-raisin:

«Alors, jeune homme, y’a bon discours?»

Gageons que le débutant s’en est souvenu toute sa vie et espérons qu’il en a tiré profit.


(Cette publicité de mon enfance n’a plus cours.)



2 – Miam, miam!


La scène s’est passée dans les années 70, au temps où il y avait encore des voitures (rouges) de 1ère classe dans le métro parisien, avec des sièges en sky au lieu de bois.


(Ticket de 1ère classe du métro parisien)


Nous sommes sur la ligne 1, celle qui va de Vincennes à Neuilly. On roule dans le XVIème arrondissement: que du beau monde, du beau linge! Toutes les places assises sont occupées, je suis le seul voyageur debout avec mon Directeur que j’accompagne. A la station Sablons, fait son entrée une dame de grande allure: chapeautée, corsetée, sanglée, talons hauts, parapluie de grand couturier…La classe! Elle fait peser sur le wagon un regard circulaire interrogateur, inquisiteur et dominateur: qui va se lever pour faire place à une dame de sa condition? Les hommes sont particulièrement visés: où est la bonne vieille galanterie française? Allons! Qu’on se dépêche de rendre hommage à la représentante du beau sexe!

Son œil d’oiseau de proie tombe en arrêt sur un voyageur paisible qui est absorbé dans la lecture du «Figaro». Il porte lunettes à monture fine dorée et costume trois pièces à gilet avec une montre-gousset attachée par une chaîne en or. Tout est chez lui de bon aloi, un profil typique de la ligne 1, côté ouest. Mais voilà, ce monsieur est noir. D’un beau noir splendide, brillant comme les marrons fraîchement sortis de leur bogue. Il respire la distinction, la finesse et l’intelligence, mais, décidément, il est quand même très noir…

La femme se plante résolument près de lui, fermement appuyée sur son parapluie. Sans le regarder, elle marmonne et ronchonne à la cantonade (mais tout le monde sent bien que c’est plus particulièrement à l’homme noir qu’elle s’adresse):

«Mmmm…Mon Dieu, quelle époque! Dans quel monde vivons-nous? Nos traditions se perden ! Plus le moindre geste chevaleresque! Où est le temps béni où les hommes cédaient spontanément leur place assise à une dame de qualité?» dit-elle sur un ton aigrelet et persiflant.

Suspense…Les voyageurs retiennent leur souffle… Que va-t’il se passer? Certes, le comportement de la dame est insupportable et l’homme visé est très fréquentable pour Neuilly. Mais quand même, il est vraiment très noir! Qu’est-ce qui va l’emporter dans le public: un sursaut contre l’injustice ou l’ornière d’un fond de racisme?

L’homme noir abaisse lentement son journal. Il lève les yeux vers la femme par-dessus ses lunettes cerclées d’or. Il parle posément:

«Oh! Madame! Qu’entends-je? Quelles belles coutumes que celles de votre pays! Je compte bien m’y conformer. A une seule condition, toutefois: vous me promettez que si, de votre côté, vous venez un jour dans mon pays, vous vous adapterez de bonne grâce à nos usages…
Certes, certes, il va de soi, Monsieur, je sais vivre…
  • Vous me le promettez vraiment?
  • Cela va sans dire, je sais voyager…»
La tension est pesante dans le wagon. Les consciences sont écartelées entre deux états d’âme. L’homme va-t’il céder? C’est injuste mais quand même il est vraiment trop noir, le dernier mot doit revenir à la Parisienne de qualité…Mais cependant, il a l’air bien comme il faut, cet homme-là et elle, c’est une chipie… Le public en proie à un débat intérieur peut encore basculer dans un sens ou dans l’autre. Il peut hurler avec les loups contre l’étranger, l’intrus, ou bien il peut avoir une réaction conforme à l’équité. Tout ça tient à peu de chose…

L’homme noir se lève lentement. Il répète sa question:

«Donc, vous me promettez d’accepter sans rechigner les traditions de mon pays?

- Certes, certes, finissons-en, je vous le promets

- Dans ce cas, Madame, prenez place, je vous en prie» dit l’homme avec un geste d’invite avenant.

La dame s’assied. Bienveillant, l’homme noir la regarde et l’aide à s’installer. Puis, il se penche vers elle et, à voix bien haute et ferme, il lui dit, d’abord lentement et calmement:

«Parce que, Madame, voyez-vous, dans mon pays

Puis, vivement, brutalement, il assène:

dans mon pays, eh bien, les bonnes femmes comme vous… ON LES BOUFFE


Explosion générale d’hilarité! Le public bascule en sa faveur car il a su mettre les rieurs de son côté. Honteuse et confuse, l’orgueilleuse descend à la première station… Le beau Noir reprend sa place, entouré de la considération générale. Il a gagné! Bravo, le cannibale distingué!





(Art de la table chez les cannibales de Neuilly)




















mardi 26 juillet 2016

LE RIRE et la COMMUNICATION INTERCULTURELLE


LE RIRE et la COMMUNICATION INTERCULTURELLE



Quand l’embonpoint fait rire





« Le rire est le propre de l’homme » mais on ne rit pas des mêmes choses d’une culture à l’autre, c’est évident. J’ai vécu une expérience intéressante à ce propos. En 1955, un film dramatique avait la cote à Paris : « Les Diaboliques » tenaient le public en haleine, Hitchcock était battu en matière de suspense. Les Français frissonnaient d’horreur dans les salles de cinéma. J’y étais allé, j’avais eu des cauchemars…



La même année, en décembre, je me trouvais à Rome en voyage de noces pour mon premier mariage. Il y faisait un froid de canard. Les salles de cinéma faisaient partie des rares endroits bien chauffés. Nous en usions donc sans modération, ce qui nous amena à revoir « Les Diaboliques » en italien. Les files d’attente étaient interminables, le film faisait un tabac à Rome comme à Paris. Mais voilà: à Rome, c’était un grand succès… comique ! Le public se tordait de rire et émettait des cris d’oiseaux, en proie à l’allégresse la plus débridée. Nos « CHCHUUUT… » et autres appels à plus de retenue n’y faisaient absolument rien : on avait payé pour voir un film drôle, on voulait se marrer pour son argent !



Au milieu de toute cette agitation, ma jeune épouse m’alerta : on se permettait de lui chatouiller le cou ! Courageux, mais pas téméraire, j’essayai de minimiser l’incident : « C’est probablement une erreur, le voisin de derrière aura agi par inadvertance, attendons pour voir si cela se confirme… ». Hélas, ma femme eut à subir de nouveaux assauts et elle confirma son diagnostic : les attouchements étaient répétitifs et manifestement faits de propos délibéré ! Il fallait que je fasse quelque chose, le jeune marié que j’étais devait se montrer à la hauteur !



Je me levai donc brusquement en jouant l’assurance et le courroux et me retournai vers l’agresseur, comme prêt à la bagarre. C’était un plongeon vertigineux : qu’allais-je trouver en face de moi ? Une armoire à glaces ? Une ceinture noire ? Une brute sanguinaire ?



Que nenni ! Le siège de derrière était occupé par un bersaglier, un « chasseur alpin » italien, un brave paysan ventru. Il avait posé sur son estomac son chapeau pointu de bersaglier. La pointe du chapeau était prolongée, comme il se doit, par une longue plume. « Les Diaboliques » faisaient rire notre militaire de si bon cœur que tout son corps en était secoué. Les soubresauts de la bedaine se transmettaient au chapeau puis à la plume qui venait alors s’insérer sur la nuque de ma femme sans que notre bidasse en eût la moindre conscience.



L’incident était écarté. Je conseillai à ma femme de se plier en deux pour rire comme une vraie italienne au lieu de rester droite comme un I dans l’attente anxieuse d’un dénouement dramatique : ainsi, elle serait hors de portée de la plume espiègle…



« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » disent les Français (qui ont la réputation de ne pas être forts en géographie…).

lundi 25 juillet 2016

LA MARSEILLAISE





LA MARSEILLAISE











Il faut que je vous dise deux mots de «La Marseillaise», que je vous dise pourquoi je ne me fais pas prier pour la faire chanter par nos écoliers ou la chanter moi-même a capella sur le parvis de notre église les jours de cérémonies mémorielles. Il y a des choses qu’on ne peut pas expliquer sans les replacer dans un contexte.




« La Marseillaise », je l’ai apprise à l’école dès l’âge de 6 ou 7 ans, comme tous les gosses de ma génération. On devait la chanter au 14 juillet, à la distribution des prix, à l’époque des beaux livres rouges dorés sur tranche qui récompensaient les bons élèves. Je l’ai aussitôt oubliée tant les paroles étaient pour moi de l’hébreu.




Mais mon grand-père a décidé de me la réapprendre en cachette quand j’ai eu dix ans (ce chant de guerre était peu prisé de l’occupant et du régime de Vichy qui lui préférait: «Maréchal, nous voilà, ô toi, le sauveur de la France»). Je l’ai assimilée avec d’autant plus de plaisir et d’ardeur que ça avait l'attrait du défendu et que ma mère ne cessait de dire à mon grand-père: «Tu es fou. Tu vas nous faire tous arrêter!».



Le chant de guerre de l’armée du Rhin comptait huit couplets. L’un d’eux a été interdit dès 1792 par le ministre de la guerre de l’époque, un certain Servan. Ses paroles n’étaient pas dans la droite ligne révolutionnaire:




Dieu de clémence et de justice, vois nos tyrans, juge nos cœurs


Que ta bonté nous soit propice, défends-nous de ces oppresseurs


Tu règnes au ciel et sur terre…etc.




Exit la bondieuserie qui n’était plus de bon ton! Restent sept couplets. L’hymne national en compte trois («Allons, enfants de la patrie…», «Nous entrerons dans la carrière», «Amour sacré de la patrie…»). Quatre sont tombés en désuétude. Eh bien, s’il reste un seul Français qui peut en chanter quatre, c’est moi! Je peux aussi vous entonner:




Quoi? Des cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers?


Quoi? Des phalanges mercenaires terrasseraient nos guerriers?




Cependant, j'en fais grâce à mes auditeurs, j'ai pitié de nos malheureux pompiers au garde-à-vous sans repos pendant la minute de silence et pendant l'enfilade des trois couplets qui suivent immédiatement...



C’est ainsi. Je peux chanter quatre couplets de «La Marseillaise», je n’y peux rien, je suis préprogrammé par l’Histoire avec un grand H. Que j’aie pu imaginer notre meilleur voisin attaquant «La Marseillaise» face au peloton d’exécution en 1943 ne m’a pas arrangé…Pas davantage le fait qu’à la Libération on vendait et on chantait dans les rues non seulement «La Marseillaise» mais aussi les hymnes des Alliés. Je peux vous chanter l’américain, l’anglais, le canadien, le belge, le russe, le norvégien, le luxembourgeois…Ce sera pour une autre fois. Ne vous inquiétez pas, je me soigne…



vendredi 22 juillet 2016

RIRES D'ITALIE



Comment faire un tour du monde du rire sans s'arrêter dans la merveilleuse Italie et y chanter "Ris donc, Paillasse, ris donc de tes malheurs". Ne dit-on pas qu'un Italien, c'est un Français de bonne humeur, à moins que ce ne soit, s'agissant de nos compatriotes pessimistes et râleurs: "Un Français, c'est un Italien de mauvaise humeur"... Allons donc chez la sœur latine prendre quelques leçons dans le livre des "barzolette", le livre des bons mots et histoires drôles, ceci avec mon adorable petit cousin Stefano, à Turin (2015):


Le cousin Stefano fait lire de l'Italien au Patriarche (le livre des barzolette)...
Regardez bien les visages et leurs expressions:
1 - Stefano: Mais qu'est-ce qu'y dit, mais qu'est-ce qu'y dit...


2 - Le Patriarche: J'y entrave que dalle... Sourire de Stefano...






3 - Aveu d'impuissance du Patriarche: mieux vaut en rire
 
4 - Stefano, lui, se fend la pêche sans retenue...



mercredi 20 juillet 2016

Rires et sourires d'Asie








1 - Sourire japonais d'Hiromi
Tout est dans les yeux bridés, rusés, malins, coquins...Tokyo, 2006

2 - Rires et sourires d'Indonésie

Rire préparatoire à une bonne blague...que la victime, peu habituée aux traditions françaises de remise de
diplômes ou décorations, prend finalement avec bonne humeur: la bise. A droite: l'Ambassadeur d'Indonésie












Sourires discrets d'Indonésie Ecole supérieure de commerce de Lyon 1980





















































mardi 19 juillet 2016

Le rire rapproche les hommes: 1- Rires d'Afrique










Le rire, rapprochement entre les peuples: couturiers nigériens en séminaire de perfectionnement, mètre-ruban
sur l'épaule: le sketch du tailleur de l'humoriste Fernand Raynaud «Y'a comme un défaut» qu'imite
Daniel fait rire de bon coeur partout dans le monde

L'habit ne fait pas le moine, mais Daniel est cependant gagné par un immense éclat de rire africain...
Village artisanal de Wadata (en Haoussa: le bien-être) à Niamey (Niger) 2012


Nord du Niger, fête annuelle du Guéréwol qui
draine des milliers de personnes: les jeunes gens
Wodabés, peuple nomade du Sahel, (on dit aussi
Bororos mais c'est un peu péjoratif) sont à la
parade. Ils font la roue, tels des paons. Ils vont être
choisis par des jeunes filles qui les emporteront à
l'essai dans la brousse... Elles pourront ensuite les
garder comme maris, ou bien les répudier si ce test est
décevant.
Les critères de beauté masculine sont le blanc des dents et le
blanc des yeux. C'est pourquoi les candidats forcent les
sourires qui finissent par ressembler à des grimaces et
roulent des yeux exorbités!


Le rire est le propre de l'homme...mais aussi de la femme! Femmes maliennes: l'explosion, la joie pure
sur belles dents blanches!

lundi 18 juillet 2016

Le rire est le propre de l'homme

Le rire est le propre de l'homme

Les femmes et les enfants sont aussi invité(e)s à rire à gorge déployée.

Des fous furieux s'attaquent à ce qui fait notre joie de vivre. Opposons-leur un immense éclat de rire!

N'ayons pas peur, la peur est mauvaise conseillère.

A suivre: rires internationaux et rires intergénérationnels
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17/07/2016
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